1. A vos marques...prêts... panne!

Tout travail commence par les fondamentaux. Attaquons donc ce blog avec nos fondements.

Ils sont brûlants d'avoir fait 2000 km en moto et scooter à travers les Alpes jusqu'en Croatie. Heureusement qu'on les a rafraîchis en croisière dans les îles dalmates.



Nous nous tortillons pour soulager nos fesses sans lâcher le guidon. Certes, le scooter 125 de Luc est plus confortable que ma 600, mais je monte les cols plus vite! Ici, deuxième col du voyage: "la Forclaz, 1500m".

Au fil des innombrables virages, je me demande: "comment faisaient les Huns?" Ah oui! Le biftsteak sous la selle hein? 


Sur la route du Simplon, un extraordinaire oratoire suspendu au dessus du vide appelle à la pause.


Là, je réalise que j'ai oublié ma sacoche-réservoir à Brig en faisant le plein d'essence.

Furieuse après moi, je redescends en un clin d'oeil, sans me concerter avec Luc.

Enchaîner les virages serrés rappelle le ski tant ça balance. Je retrouve la sacoche sur la pompe à essence, mais j'ai perdu mon homme!

Il est redescendu. On s'est manqués. Puis retrouvés. Il aura fait le troisième col du voyage deux fois, et par la route la plus abrupte. Pas terrible pour le petit moteur du scooter.


Nous parcourons ce trajet sublime oú alternent l'odeur des pins chauffés par le soleil et la fraîcheur des torrents. Le final, aérien et grandiose, flirte avec les grands sommets du Valais.


Nous saluons l'aigle de Napoléon, l'ancien hospice si sévère (XIIIe siècle) et plongeons vers l'Italie.



















Hélas, le scooter comment a tousser, regimber et hoqueter de façon pathétique.

Luc béquille la bécane au bord de la route, retire son casque, son blouson et décontenancé s'assied.... dans un nid de fourmis.

19h, samedi, au pied de l'église de Crevoladossola (nom prédestiné?), le scooter crève là.
Nous sommes en rade en Italie au premier jour du voyage!






Mais qui dit église, dit...ange gardien! Et Frankie-Slow-Down, l'ange gardien des motards pas pressés nous délègue Paola


qui tombe du ciel dans un petit 4x4 noir, demandant dans un français parfait: "vous avez un problème? Je peux vous aider?". 


Elle nous propose de pousser jusque 200m plus loin oú se trouve - dit-elle - un atelier moto. C'est si incroyable que nous hésitons!

Là elle négocie avec le mécanicien qui est en train de fermer pour le week-end. Il propose de garder le scooter et promet gentiment de s'en occuper lundi matin avant toute chose!


Opportunément, elle nous suggère de devenir les premiers clients de son "Bed & Breakfast".

Tout cela est si invraisemblable! Suspicieuse, je marchande à fond et vais visiter. Je découvre une maison de Blanche-Neige perchée sur une terrasse de vignes, si fraîchement restaurée que la peinture n'est pas finie.


J'ai eu tort d'être méfiante, Paola a un coeur en or et se réjouit de recevoir des clients. Je ne sais pas si nous sommes vraiment les premiers, mais nous y resterons finalement 3 nuits: on est si bien!

2. La + belle vallée des Alpes

Si je devais citer un lieu symbolisant toute la beauté des Alpes, j'hésiterais entre le Val Gaudemar (Ecrins) et le Val Formazza découvert ce dimanche aux confins du Piémont italien.


D'immenses cascades en voile barrent le fond de cette vallée isolée. Les plus hautes d'Europe dit-on.


Sur un sentier bucolique musardent des vaches au pelage caramel et des touristes.


Paula nous a offert un saucisson pimenté, des oignons de son jardin et du fromage d'Ossola.


Le grimpeur ne résiste pas aux gros blocs morainiques. Attention chef, on est au début des vacances!


En soirée, nous nous baignons plus en aval dans le Toce devenu fleuve mais resté très frais.


Hier, notre randonnée au départ du gîte dans la grande forêt de chataigniers s'est faite sur des sentiers empierrés, sans doute millénaires.


Des alignements mégalithiques témoignent du bon goût des hommes préhistoriques pour les lieux ensoleillés et agréables à vivre.


Les hommes suivants, eux, ont versé dans le super-clocher-qui-tue, plus-haut-que-moi-tu-meurs.


Tous les versants raides de la vallée d'Ossola sont jalonnés d'arrogants clochers, de blanches chapelles ou églises. Certains oratoires ont même une cheminée. Là, il faudra qu'on m'explique! C'est un ancien four à pain recyclé pour le spirituel ?


On adore la fantaisie de ces alpages italiensavec leur fouillis de vignes, leurs champs au foin odorant, leurs murets de guingois. En Suisse, de l'autre côté, les ceps sont alignées au cordeau et les prés manucurés.


Des églises monumentales trônent au centre de petits villages. Ici Montecreste.



Il faut dire que le granite pour les construire est juste là, extrait des carrières impressionantes. C'est d'ici que proviennent les pierres immaculées de l'énorme cathédrale de Milan (une splendeur).



3. Tournicoti...Centovalli et lacs italiens

Le scooter est réparé. Simple nettoyage du réservoir pollué par de l'essence suisse sale (si, si!). Mais l'ange gardien, le vrai, a bien travaillé:
Fabrizio le mécano a trouvé une grosse vis plantée dans le pneu avant. La tête était déjà bien usée par les km. Et si ça s'était dégonflé sur l'autoroute?




Nous quittons Paola et Erico, ce couple d'agriculteurs à l'accueil attentionné.

Nous avons aimé leur simplicité chaleureuse, leur enthousiasme, leur histoire et bien sûr le gîte.













Le périple à travers les Alpes continue vers Locarno par la vertigineuse vallée des Centovalli. Des centaines de virages, bien serrés, dans un paysage époustouflant. Un trajet spécialement créé par le Dieu des motards?

C'est la vallée de la Loue, au Tessin sur 50km. Nous sommes prudents comme des sioux: le trajet est dangereux à plus d'un titre.


AHURISSANT! En pleine falaise, il manque tout à coup la moitié de l'étroite chaussée (sans doute tombé dans la gorge) et nous frôlons à quelques centimètres des ouvriers-alpinistes suspendus dans le vide. C'était beaucoup plus impressionant en vrai que sur cette photo.


Intragna: la rivière nous appelle. Mais avec une moyenne de 30km/h depuis ce matin, il faut qu'on continue pour arriver en Croatie avant le départ du bateau!


Troisième saute-frontière (France-Suisse-Italie-Suisse) pour atterir à Locarno-la-snob. Ca sent fort le franc suisse ici! Chaleur et circulation d'enfer. Difficile après les gorges fraîches des Centovalli.


 Merveilleux paysages lacustres. Nous parcourons des rives célèbres: lac majeur, lac de Lugano, lac de Côme. Fleurs soignées, villas  à la Stendhal. C'est romantique à souhait mais on n'avance vraiment pas.


Les moteurs chauffent. Les motards aussi. Il faut rafraîchir! Baignade à Rezzonico, village médiéval sur le lac de Côme.






Quatrième saut-de-frontière vers Sondrio, sur le flanc italien du massif de la Bernina dans la large vallée de Valtellina.

Très similaire au Valais, on y retrouve des vignobles en espaliers sur les adrets lumineux, dominés par les glaciers des sommets de 4000 m.


Soirée gourmande et nuit reposante au gîte de la tante Zia dans le village de Tresivio, un peu en altitude.

L'étape d'aujourd'hui a duré une éternité et malgré la fascination pour les paysages exceptionnels, nous commençons à être fatigués.

4. Le jour le plus long: Dolomites, Vénétie

Le "Giro" est l'équivalent du Tour de France, version italienne. Nous aurons une pensée admirative pour les cyclistes à chaque col.

La traversée des Dolomites va mettre notre endurance de motards à l'épreuve.

Départ 9h30, montée vers Ponte di Valtellina. Descente en vallée.

Remontée au col d'Aprica.

Beaucoup de motards, ça balance bien chez les messieurs! Luc me talonne...



Aprica, sympathique station de montagne. Un petit je-ne-sais-quoi du Jura et des Alpes mélangés.

On redescend vers Edolo avant de remonter le Col du  Tonale. Ambiance haute montagne.



Navigation dans le vert onirique des prairies mouchetées de fleurs. Surprenant, je n'ai pas d'allergie! Un bonheur.


Les névés scintillent de tous leurs feux. Ils sont reliés à notre ruban de goudron par des téléphériques. Ponte Di Legno, Tonale: on imagine ces stations grouillantes de skieurs l'hiver.

Plus loin, cette face glaciaire m'impressionne. Ca vaut Chamonix ici! Il y a toute une chaîne de sommets de 3500m.  


J'ai fait des milliers de virages,  passé 3 jours sur la moto et j'ai l'impression d'être toujours entre Vallorcine et Argentière. Vraiment,  l'arc alpin déploie ses splendeurs sur des milliers de km.

Mais cela va changer!

Nous dégringolons des hauteurs par une série de lacets infinis et grandioses vers une large vallée parfaitement plate et fertile qui traverse tout le massif de la Brenta.

Ville de Trente. C'est aussi la température qui y règne ce midi-là. On sue dans les embouteillages. 


L'autoroute a tranché le massif. On est dominés par des pics de 2500m. Et une fois de plus, j'ai l'impression d'être entre Cluses et Sallanches!


Nous longeons de nombreux lacs, roulant enfin rapidement. Mais la journée commence à être longue. L'autobeurk (comme dit Bertrand) nous lasse.

Le pire est à venir pour atteindre la Vénétie. 50 km de "banlieues", d'un centre commercial à l'autre, en plein bouchons du soir. Moyenne 20 km/h. Nous sommes recrus!

Enfin arrivés à Trévise, nous ne trouvons pas de Bed & Breakfast. Encore quelques km et je dégotte une suite dans un hôtel *** à 30 € par personne! Je m'effondre, épuisée. Nous avons fait 320 km à 40 km/h de moyenne.


Mais la curiosité est la plus forte. Et nous ré-enfourchons pour aller visiter Trévise-la-superbe. Pas pour ses salades!  

Tout y est: remparts, palais, canaux.













Succulent dîner à la trattoria "alla colomba" qui pourtant ne paie pas de mine et oú nous n'étions pas rassurés par le garçon qui n'avait ni prix, ni menu. Il se contentait d'énoncer les plat, vite, et en italien. On n'est pas à l'abri d'une bonne surprise!
En sortant, loooongue et involontaire visite de Trévise by night car je m'égare en cherchant l'hôtel. Fatiguée?
C'était un jour à 350 km!